Dans son collège du Val-de-Marne, Clémence Choisnard, native de Béziers (Hérault), a vite remarqué le manque de communication avec les autres enseignants. «On a tendance à faire l’autruche et à éviter de parler des problèmes qu’on rencontre, comme s’il y avait une pression à ne jamais perdre la face, analyse cette littéraire. On se plaint, on partage des anecdotes, mais on discute rarement de pédagogie entre collègues d’une même discipline.» C’est pourtant en dialoguant avec ses homologues de l’association qu’elle a pu s’améliorer, trouver des idées et surmonter les obstacles. Les 29 apprentis profs investissent aussi les outils numériques en partageant notamment cours et expérimentations sur Google Drive. Des relations qui font cruellement défaut aux autres contractuels. Embauchés à la va-vite, ils bénéficient d’une formation insuffisante voire inexistante et souffrent d’un grand isolement, amplifié par leur statut mobile les obligeant à changer régulièrement de poste en fonction des remplacements. «L’inspecteur m’a dit que j’allais recevoir une formation, mais je n’en ai toujours pas vu la couleur», raconte Riley Bloomer-Ludwig, 25 ans et titulaire d’un master en littérature moderne à la Sorbonne, contractuel depuis mars. Sans parler de l’absence totale de tuteurs. «Aucun des contractuels que je connais n’en a jamais eu !» ajoute-t-il.
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