La promo pionnière du Teach for France, financé et piloté en partie par le secteur privé, achève sa première année : des diplômés de Sciences-Po ou de HEC enseignent dans des établissements REP de banlieue parisienne. Quitte à créer des inégalités parmi les contractuels.
La sonnerie de 13 h 30 a retenti depuis une dizaine de minutes ce mardi de mai dans la salle 309 d’un collège de Montreuil, en Seine-Saint-Denis. La moitié des élèves sont encore debout, en train de déambuler entre les chaises ou de s’agiter bruyamment. Jules Castro, professeur de mathématiques, fait partie de la première «cohorte» de volontaires du projet Teach for France. Après plusieurs tentatives infructueuses, l’enseignant débutant réussit enfin à calmer sa sixième C et entame son chapitre sur les fractions dans un silence fragile. Il y a un an pourtant, ce fils d’architectes diplômé de Sciences-Po en «finance et stratégie» s’orientait vers une tout autre carrière : son master en poche, il avait rejoint un cabinet de conseil comme consultant en stratégie. Mais lorsqu’il assiste à un discours donné dans l’école de la rue Saint-Guillaume par la fondatrice de l’association, Nadia Marik-Descoings, la proposition le séduit aussitôt. «J’ai toujours été très politisé et je me suis dit que ce serait le moyen de m’engager concrètement», se souvient le Parisien de 25 ans.