Comme d’autres avant lui, le rapport préconise de nouvelles structures pour la représentation de la religion musulmane, autour d’une Association pour l’Islam de France (AMIF) qui recueillerait une « taxe halal » afin de financer les lieux de cultes. Où tirer de l’argent ? Qui le gère, qui a le pouvoir ? On a l’impression que depuis 2002 et la création du CFCM, le débat tourne sur lui-même…
Le débat semble tourner sur lui-même parce que le CFCM n’a pas réussi à être une autorité cultuelle. Cela ne veut pas dire qu’il n’a pas d’influence. Son influence est essentiellement la réfraction de l’attachement d’immigrés et de leur familles à des pays d’origine, le pays où on retourne presque tous les ans en vacances et dont on regarde les chaines satellitaires. Influence que les Etats entretiennent aussi par des mécanismes de services rendus : l’organisation du pèlerinage à la Mecque ou le rapatriement des corps des défunts, par exemple. Sans parler des imams détachés par ces pays. C’est tout cela qui fait la force d’encadrement de pays comme la Turquie, le Maroc ou l’Algérie en particulier, et qui fait aussi que le CFCM tient depuis plus de 17 ans. Même si ces origines ne résument pas toutes les variétés de l’islam en France : il y a aussi des musulmans subsahariens ou d’Asie, de plus en plus nombreux. On peut penser aux Comoriens à Marseille, ou aux personnes venant du sous-continent indien en Seine-Saint-Denis. Et il y a les générations nées en France qui voudraient s’émanciper des pères mais qui n’arrivent pas à le faire faute d’être capables de s’organiser. D’où cette demande récurrente que l’Etat aide. L’Etat peut donner un coup de main, il l’a déjà fait à plusieurs reprise. En 2007, il avait fait émerger une fondation des œuvres de l’islam de France qui aurait pu être destinataire d’une partie des bénéfices du halal. Ce fut un échec. Une fondation à vocation culturelle a depuis été lancée, présidée par Jean-Pierre Chevènement.