Hakim El Karoui : « il faut accepter que l’islam soit devenu une religion française »

Le Grand Témoin est Hakim El Karoui, normalien, agrégé de géographie, ancien conseiller du Premier ministre. Auteur de « L’Islam, une religion française » (Gallimard), il présente son ouvrage où il se prononce pour une meilleure organisation de l’Islam en France.

Entretien diffusé sur Radio Notre Dame

La thèse principale de son livre est simple : « il faut accepter que l’islam soit devenu une religion française », explique-t-il. Il existe plusieurs raisons à cela. D’abord, c’est la religion la plus pratiquée régulièrement avec trois millions de fidèles, contre un million et demi environ chez les catholiques. Les musulmans sont aussi majoritairement français et nés en France. « Il faut trouver une organisation française pour lutter contre le séparatisme et plus généralement contre l’islamisme », en déduit l’auteur. Pour cela, il faut connaître l’islam, aussi bien les administrations que les citoyens, car : « ça concerne l’ensemble de la collectivité », ajoute-t-il.

Un changement de logiciel

Pour organiser le culte musulman, l’auteur se prononce pour un changement dans le raisonnement. « Avant on pensait que c’était une religion d’étrangers », indique-t-il. La gestion des mosquées avait donc été confiée à des représentants étrangers : Turquie, Algérie, Arabie Saoudite… « Tout le monde a compris que des mosquées à base de représentants étrangers c’était voué à l’échec », analyse-t-il. Le Conseil français du culte musulman représente plus les intérêts des puissances étrangères que les français musulmans. Il faut donc penser une organisation sans les pays étrangers. Pour Hakim El Karoui, Emmanuel Macron l’a bien compris et il est confiant dans la volonté du Président. Cependant, il rappelle que l’Etat est laïc. Il doit donc impulser, coopérer mais il ne doit pas faire. Dans les enjeux à traiter, il y a notamment : « un sujet d’organisation des financements pour ensuite bifurquer sur la formation des imams et le travail théologique. C’est la que tout se joue », termine l’auteur.