Plusieurs facteurs historiques, socioculturels et psychologiques expliquent une tendance répandue au Moyen-Orient.
Le monde arabe est friand des théories de complot. Si friand que la tendance semble aller crescendo. C’est en tout cas l’impression qui ressort, pour quiconque connaît plus ou moins la région : presque toute conversation politique est parsemée d’hypothèses variées – et plus ou moins fantaisistes – sur les origines de telle organisation terroriste ou les causes de tel événement. Rien de très étonnant, à l’heure où le Moyen-Orient connaît des bouleversements profonds, occasionnés entre autres par les soulèvements arabes depuis 2011, le conflit syrien et l’émergence de l’État islamique.
Récemment, une étude de l’IFOP pour la Fondation Jean Jaurès et de l’observatoire Conspiracy Watch révélait que près de 80 % des Français « adhèrent à au moins l’une des grandes théories du complot », et qualifie ce « complotisme » de « préoccupant ». Il n’existe pas d’étude similaire pour le Moyen-Orient. Que révélerait-elle ? Que dire des théories selon lesquelles l’EI est une création américaine, que les soulèvements arabes sont le fait de puissances étrangères désireuses de semer le trouble dans la région – ou d’en voler le pétrole –, que le lobby juif contrôle Washington à la manière d’un marionnettiste, que des agents américains parcourent les rues iraniennes pour pousser le peuple à la révolte ?