La communauté asiatique en a marre de fermer sa gueule

Kei Lam a vécu une histoire similaire. « J’en faisais dix fois plus que tout le monde pour être dans la norme et montrer que j’étais assimilée. J’évitais de traîner avec d’autres enfants chinois pour ne pas qu’on pense que j’étais communautariste. » D’origine hongkongaise, l’illustratrice arrive à Paris à l’âge de 6 ans, avec sa mère. Elles rejoignent le père, dessinateur, parti quelques années plus tôt pour se construire une situation avant de les faire venir. « Mon père est arrivé en 90. Il pensait rencontrer Monet et Van Gogh dans les rues de Paris », sourit-elle, assise à la terrasse d’un café de Montreuil, où se trouve son atelier. La dessinatrice raconte les péripéties de sa famille dans Banana Girl(link is external), son premier roman graphique paru cet été :

« Être une banane, c’est avoir une tête d’asiatique avec une culture occidentale. Jaune à l’extérieur et blanche à l’intérieur. »

« Ca n’est ni une insulte, ni un compliment à mon sens. Juste un fait », commente Grace.

CONNAÎTRE SON HISTOIRE

« Personne ne parle de double culture. La première fois qu’on m’a dit “tu es mixte”, ça a été une révélation ! J’ai compris un paquet de trucs », explique Kei Lam, en replaçant ses lunettes. Elle raconte ne s’être jamais, dans sa jeunesse, sentie représentée : elle n’était ni totalement asiatique, ni totalement blanche« J’étais banane et je voulais montrer cette nuance dans mon livre. » Mais pas facile de se mettre à nu :

« Pourquoi mon histoire serait-elle plus intéressante qu’une autre ? Pourquoi en parler alors qu’elle n’est pas ouf ? Comment réagiront mes proches et ma famille ? »