Le paradoxe veut que cette pensée régressive vient en totalité des échecs de la gauche. Incapable de remise en cause réelle, incapable de prendre en charge les problèmes du monde et ses abominations, elle est bel et bien morte, même si elle fait semblant de bouger encore. Privée depuis désormais des décennies de son sujet social – la classe ouvrière a disparu des tableaux idéologiques –, elle cherche en aveugle au milieu d’un désert. Et ceux qui ne renoncent pas à l’idée du grand changement se réfugient dans le fantasme. Tout plutôt que disparaître. Cruellement pour eux, cette pauvre aventure intellectuelle est au confluent de deux naufrages. La fin des espoirs messianiques de la révolution et la victoire en rase campagne de l’hyperindividualisme, soubassement certain de ces surenchères autour de l’identité.
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