« Parler, c’est protéger »
Une fois, deux fois, six fois, il répète la même injonction : « Soyons vigilants. Plus on résiste en amont, plus c’est facile. Plus les processus avancent, plus c’est compliqué. » Devant la fenêtre d’où se sont jetées plusieurs femmes juives pour échapper aux cinq convois partis des Milles vers le camp de concentration d’Auschwitz, il se fait encore plus direct : « J’essaie de vous faire comprendre ce que vous auriez pu vivre à l’été 1942. Comment aurions-nous, comment auriez-vous réagi ? » Le message porte-t-il ? Dans la cour où les élèves ont sorti leur pique-nique, Maeva ne voit pas comment un scénario semblable pourrait la concerner aujourd’hui. Klaire – « Avec un K, parce que c’est flamand », précise-t-elle – abonde. « Encore qu’avec les attentats, tout est possible, enchaîne-t-elle… On se demande s’il y a encore une France. Les frontières sont ouvertes depuis trop longtemps. Il y a trop d’étrangers ici. » En retour, Maylis, sa copine, s’insurge : « Mais, t’es raciste ! »