Les agressions, symboliques, verbales, physiques, ont pris le pas sur la discussion et vont crescendo. Au lendemain des élections, à Salvador da Bahia, l’artiste noir Moa do Catendê a été tué, de 12 coups de couteau, par un électeur de Bolsonaro pour avoir affirmé ses sympathies à l’égard du PT.
Ce cas n’est malheureusement pas unique. La journaliste de la Folha de São Paulo, Patrícia Campos Mello, qui a enquêté sur le financement illégal de la campagne du candidat d’extrême droite, reçoit toute sorte de menaces, comme l’ensemble des médias qui osent faire leur métier.
Dimanche 21 octobre, le candidat Bolsonaro a annoncé au milieu des vivats qu’il allait se livrer « à la plus grande opération de nettoyage de l’histoire du Brésil » et « rayer de la carte du Brésil ces bandits rouges ». Dans ce climat d’intimidation, la croix gammée est devenue tendance et commence à souiller les murs des institutions désignées comme l’ennemi : des locaux universitaires, des églises catholiques… Un avertissement ?
Jair Bolsonaro n’est pas un « populiste »
Jair Bolsonaro n’est pas un « Trump tropical », ni un « populiste » au sens où l’on entend communément et ces analogies contribuent à le banaliser dangereusement. Dans le registre brésilien de l’insulte politique, « populiste » reste d’ailleurs synonyme de « communiste » et se place au plus haut degré de l’échelle de Richter de la détestation pour l’ensemble des droites. Sont ainsi taxés de « populisme » et voués aux gémonies tous les partisans de l’État-Providence et un social-démocrate comme Fernando Haddad.
On ne trouve pas, dans les prises de parole de Bolsonaro, les passages obligés des populismes classiques. Le capitaine à la retraite se réfère rarement au « peuple » et ne déploie pas la rhétorique anti-oligarchique ou anti-élite habituelle.