L’arabe a bien pris soin de différencier les blancs entre eux, dans un monde globalisé c’est presque avant-garde. C’est ce qui explique notamment pourquoi des arabes blancs peuvent se sentir non-blancs dans un contexte global.
A mon sens, moins évidente peut-être que la couleur objective, la notion de domination, ou de supériorité, celle qui m’interpelle le plus par sa violence est celle de l’étrangeté. Le blanc est fondamentalement étranger, absolument étranger, alors même que nous partageons de fait une intimité perverse, celle de la culture dominante, à laquelle je suis surexposée, celle dont je connais l’histoire, les langues et les codes. Si je suis incapable de définir la blancheur, je sais reconnaître les blancs d’abord et avant tout parce qu’ils me sont étrangers, parce que je sais autant d’eux qu’ils ne savent rien de moi, ou pire qu’ils pensent savoir.