Areski, Roger, Georges, Mohamed et les autres : la mémoire de l’usine Renault

Roger : Je suis rentré chez Renault à 15 ans, un an après la Seconde Guerre mondiale. Je suis venu pour apprendre le métier d’ajusteur. Les conditions de vie étaient difficiles car on était dans un contexte où il fallait reconstruire la France. A l’usine, je travaillais 9 heures par jour et 48 heures par semaine. Mais j’étais jeune et ça ne posait pas de problème. Je n’ai jamais travaillé sur les voitures mais sur les machines-outils. Chez Renault, j’ai passé 42 années sensationnelles ! Quand j’ai effectué mon service militaire au Maroc, j’ai découvert des choses révoltantes, notamment au niveau du travail pour les enfants. Cet épisode de ma vie a influencé ma manière de voir les choses plus tard.

Quelles étaient les relations avec vos collègues ?

Georges : Je suis un cas particulier, car à l’époque on m’appelait le mouton à cinq pattes (rires). Dans toutes les entreprises, l’opposition entre ceux qui exécutent et ceux qui ordonnent a toujours existé. Mais personnellement, j’ai toujours rêvé d’une solidarité entre les gens. Hélas, je pense que la France est un pays de castes où les différentes catégories sociales ont du mal à se mélanger.

L’inégalité salariale entre les femmes et les hommes existait-elle ?

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