« Je crois ce qui m’arrange le plus ! »
Pour révéler et mettre en lumière les fausses informations, une initiative s’est mise en place sur le continent africain depuis 2012: Africa Check. Cette organisation se donne pour objectif « de promouvoir la précision des faits dans le débat public et dans les médias en Afrique ». Pour Valdez Onanina, journaliste au sein du bureau de Dakar, le ressort des fausses nouvelles est que, peu importe qu’une information soit vraie ou fausse, pourvu qu’elle aille dans le sens des croyances et des convictions personnelles. « Je crois ce qui m’arrange le plus », assure-t-il.
Autre exemple récent: une fausse information sur Ousmane Sonko, le candidat de l’opposition, a fortement circulé, avant d’être formellement démentie. Un article publié par un média ghanéen l’accusait d’avoir reçu 195.000 dollars d’une société pétrolière britannique, Tullow Oil.
La nouvelle a été reprise par de nombreux sites d’information sénégalais, et même dans les journaux traditionnels. « Ce qui est inédit en ce moment, et on le voit avec l’affaire Sonko et Tullow Oil, c’est que des infox nées sur internet passent dans les journaux papiers », s’inquiète Anne-Sophie Faivre Le Cadre. Une ligne a été franchie lors de cette campagne présidentielle.
Les fausses nouvelles sont maintenant une arme politique comme une autre. « Un conseiller en communication du président de la République a partagé un de ces articles sur Sonko, il écrivait ensuite : ‘je ne sais pas si c’est vrai ou pas’. Si vous ne savez pas, ne partagez pas. Il y avait une envie manifeste de nuire », décrypte Mamadou Ndiaye.
Même constat du côté d’Africa Check : la bataille politique est pleine de fausses nouvelles. « On se rend compte que c’est toujours un jeu entre opposants et gouvernants, raconte Valdez Onanina. On s’envoie des petites piques par le canal de la désinformation. Souvent on extrapole les chiffres, ou on les minimise. »
Les réseaux sociaux accentuent le phénomène
Avec les réseaux sociaux, certaines de ces fausses nouvelles deviennent virales. Et malgré les démentis et le travail des journalistes qui font du fact-checking, le mal est fait. « Quasiment la totalité de la population sénégalaise a un téléphone mobile », insiste Mamadou Ndiaye. Si tout le monde n’est pas sur Facebook, chacun est connecté à Whatsapp, plateforme sur laquelle les infox circulent en masse. Et sur laquelle les médias sont moins présents.