Risque que les élèves se sentent perdus
Rachel Schneider estime pourtant que cela ne règle pas le problème : «Le slogan « 100% réussite » masque la réalité si on le fait sans moyen. Ça discrédite aussi ce dispositif : si vous avez en maternelle, où l’enfant apprend à devenir élève, des effectifs qui augmentent parce que vous avez des fermetures ou des non-ouvertures de classe, comme ça va être le cas dans au moins trois écoles maternelles de Pantin, Stains et Aulnay, et si vous avez ensuite en CE1/CE2 des effectifs qui augment aussi, c’est illusoire de faire croire aux parents que toute la réussite des élèves va se jouer sur le CP.»
«Nous ne sommes pas pour réduire les effectifs des classes au détriment d’un dispositif pédagogique qui permet un travail collectif des équipes pour aider les élèves en difficulté, abonde Mathieu Buisson, enseignant en maternelle à Noisy et représentant du syndicat SUD. Prendre sur les postes de remplaçants, ce n’est pas possible étant donné que [les enseignants] sont déjà très peu remplacés dans le département. Si on a des classes de CP à 12 en REP+ mais qu’ailleurs ils sont 32 car il n’y a pas de remplaçant et que les élèves sont répartis sur d’autres classes, ça n’a pas d’intérêt.» Nadia Gherissi, qui enseigne depuis une quinzaine d’années, est sur la même ligne : la réduction permanente des effectifs est moins efficace («Douze, ce n’est plus une classe, c’est un groupe») et comporte le risque que les élèves, une fois passés dans le niveau supérieur, se sentent perdus. Le dispositif avec un maître supplémentaire dans l’école permettrait au contraire de passer d’une méthode pédagogique à une autre (et donc d’avoir plus de chances d’y trouver son compte), sans faire perdre aux élèves le bénéfice du nombre, qui engendre selon elle une émulation collective.
Mathieu Buisson, qui plaide comme Rachel Schneider pour la création de 200 postes sur l’ensemble du département, l’assure : «La plupart des collègues PDMQDC [plus de maîtres que de classes, ndlr] veulent rester sur ce dispositif, avec des projets qu’ils veulent poursuivre. Ils souhaitent voir comment ça peut porter ses fruits.» Ce vendredi, lors du conseil technique spécial départemental, ils feront savoir que leurs syndicats sont défavorables à cette nouvelle répartition des enseignants. Mais ils ne se font guère d’illusion : la mobilisation concernera une à trois écoles par ville, et c’est la direction académique qui aura le dernier mot. Contacté, ni le ministère n’a pas répondu à nos questions.
Par Kim Hullot-Guiot. Publié le 23/06/2017 sur Libération.