Racisme sans complexe, sans offuscation et complotisme
Mais le fou confortablement installé dans sa folie continuera de nier ses vérités personnelles en affirmant haut et fort que les chiffres mentent. C’est donc de cela dont il est vraiment question ici. Il serait possible de faire un long papier pour s’offusquer, et avec raison, des choses qui ont été dites dans cette émission. On pourrait parler de l’analogie faite entre la présence de Noirs et d’Arabes en France et l’occupation nazie et la collaboration comme par exemple lorsque Renaud Camus affirme: “Les deux collaborations ressemblent comme deux gouttes d’eaux. Quand vous dites que ‘l’ancienne occupation était en uniforme, le nouveau ne l’est pas’. Mais l’uniforme on le voit de plus en plus, l’uniforme, ce qui montre l’insolence, la force, la provocation de l’occupation, c’est le voile, le niqab, l’abondance de signes qui sont destinés à montrer le pouvoir, la présence, la conquête et l’humiliation du peuple qu’il doit subir ça”. Les gloussements remplis de haine de Renaud Camus, le racisme latent de ses propos, la complaisance d’Alain Finkielkraut qui ne s’offusquera jamais de ce parallèle ni même des autres propos de son invité … Ce qui est beaucoup plus profond ici c’est la manière dont le racisme se justifie, par quels mécanismes il tente d’abord de se convaincre, puis de convaincre autrui. Ces mécanismes qui font système à l’extrême droite et que cette émission met parfaitement en exergue.
Renaud Camus ne s’arrêtera pas au fait de dire que les chiffres mentent, il poussera ces mécanismes et sa paranoïa à son paroxysme : “C’est la science elle-même que je remets en cause (…) la science a toujours été du côté du pouvoir”. Après la paranoïa, la thèse complotiste selon laquelle les sciences, et notamment les sciences sociales sont l’expression d’un rapport de force qui ne vise qu’à opprimer, à imposer le pouvoir d’une certaine élite qui veut imposer sa vision du monde. C’est l’expression même de l’extrême droite qui se joue une nouvelle fois ici : celle qui se fait passer pour la meilleure représentante des classes populaires et qui désigne comme ennemi ce qui est lié, selon sa vision, à l’étranger en faisant passer les élites comme des collaborationnistes et des adversaires des opprimés, les Français de souche ici d’après le délire de Renaud Camus et consorts.
Si cette émission a bien réussi une chose, malgré tous les reproches qu’on lui a fait, c’est d’avoir montré le danger de cette idéologie mortifère qui nous enlève la seule chose qui fait de nous les êtres que nous sommes : la raison.
Publié le 04/07/2017, par Miguel Shema, sur le Bondy Blog – Libération