« Échec », « fiasco », « pseudo-spécialistes »… Les mots ne sauraient être plus durs. Dans un bilan d’étape, rendu public mercredi 22 février, les sénatrices-auteurs remettent complètement en question les approches de l’État français face à la dé-radicalisation des jeunes. Suivant leurs avis, la France est dans l’impasse en matière de traitement de la radicalisation djihadiste. L’une des solutions serait, comme le suggèrent les sénatrices, de mieux développer la prévention. Ce constat est lucide. Si l’on observe l’ensemble des actions de prévention de la radicalisation violente et que l’on compare les expériences internationales qui se déploient depuis de nombreuses années force est de constater que l’Europe est bien en retard.
Lutter contre la « radicalisation des esprits »
Trois niveaux de prévention doivent être analysés afin de pouvoir tirer le bilan de l’efficacité des politiques publiques en matière de sécurité.
- En premier lieu, la prévention primaire consiste à lutter contre la radicalisation cognitive qui envahit peu à peu les esprits des jeunes et des très jeunes et qui se déploient au sein des réseaux mais aussi des quartiers et parfois des groupes de jeunes eux-mêmes. Cette prévention se fait par l’éducation, l’inclusion sociale et l’envie de vivre ensemble.
- En second lieu, la prévention secondaire consiste à éviter le basculement de jeunes vers des actes radicaux qui les conduisent dans la délinquance ou le départ. Cette prévention intervient souvent après le signalement du jeune.
- La troisième forme de prévention vise à favoriser chez les jeunes la rupture avec les idées terroristes et l’entrée dans un processus de résilience, puis de projet de vie dans le respect de la loi et des valeurs républicaines.
L’Europe, si elle a beaucoup agit, sur le deuxième et troisième niveau de la prévention ainsi que sur les mesures de sécurité publique, a encore un retard important en matière de prévention primaire, c’est à dire, sur la radicalisation des esprits. Dans une recherche en cours que nous réalisons pour l’Unesco, nous avons pu examiner de nombreuses pratiques de prévention de la radicalisation à l’international et ces expériences nous ouvrent la voie vers une meilleure efficacité de nos actions. L’approche de l’Unesco, qui propose une éducation philosophique et un renforcement des valeurs humaines, peut-être ainsi consolidée par des expériences locales.
Se raconter : une expérience belge
Parler, se présenter, dire sa vie… Tels sont les angles pédagogiques choisis par l’association Belge Maks qui organise la projection d’histoires digitales créées au sein du projet « Je suis Ahmed, Lèonie, Charlie, of net niet… », déployé sur les villes de Mollenbeeck et de Scharbeeck.