Il faut le dire et le répéter, depuis plusieurs décennies, l’inclusion des personnes LGBT+ dans la société française connaît de formidables progrès grâce, notamment, au militantisme LGBT Pour autant, deux phénomènes inquiétants, se nourrissant parfois l’un et l’autre, menacent ces avancées pour l’égalité : l’expression de la haine anti-LGBT qui malheureusement perdure et, en miroir, la radicalisation d’une minorité issue de cette vaste communauté, séduite par les idéologies identitaires et victimaires qui s’opposent à notre modèle républicain.
article par « fiertés-citoyennes » publié sur le site medium.com
Les réelles avancées en droit n’ont pas fait disparaître les discriminations et les LGBTphobies
Il y a 23 ans, la création du pacte civil de solidarité (PACS) constituait une étape marquante dans le mouvement de reconnaissance des droits des personnes gays, lesbiennes, bi, trans et intersexes. 15 ans plus tard, c’est le mariage pour tous qui est acquis, puis, en 2021, c’est l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes qui est enfin rendu possible. Il aura fallu pas moins d’une génération pour conquérir ces droits, après d’âpres débats.
Néanmoins, il reste énormément à faire pour éliminer les discriminations subies en raison de l’orientation sexuelle ou du genre, comme en témoigne la nécessité d’adopter tout récemment une loi visant à interdire les “thérapies de conversion”.
L’urgence qui justifie une mobilisation nationale, ce sont les agressions dont sont victimes des personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, réelles ou supposées : moqueries, insultes, crachats, gifles, coups de poings, coups de couteaux, lynchages en plein jour et en pleine rue, parfois jusqu’au meurtre… Elles sont en nette progression ces dernières années, la baisse temporaire des signalements de faits, en 2020, s’expliquant principalement par le confinement.
Quotidiennement, des discours de rejet, aux accents obscurantistes et rétrogrades, qui incitent à la haine, se déversent sans filtre sur les réseaux sociaux, en raison de la passivité de ces derniers. Les droits des personnes LGBT sont niés ou bafoués, des jeunes sont moqués, stigmatisés ou agressés, y compris dans leur famille ou dans le sanctuaire que constitue l’école…
Une réponse doit être apportée dans un cadre républicain
S’en prendre aux personnes LGBT en raison de leur orientation amoureuse, sexuelle ou de genre, c’est s’en prendre aux valeurs de la République. Aucun relativisme social, sociétal, culturel, spirituel ou religieux ne peut être invoqué pour tenter de « comprendre », voire pour « excuser » des paroles ou des actes LGBTphobes. Il n’y a pas une bonne et une mauvaise homophobie. Face à la haine, il ne peut y avoir de demi-mesure, ni de compromis et encore moins de lâcheté. L’homophobie et la transphobie pseudo intellectualisées d’une personnalité médiatique doivent être tout aussi fermement condamnées que le lynchage d’un jeune dans un quartier populaire, en raison de son orientation sexuelle supposée.
Thermomètre du recul de la République, les études montrent que de plus en plus de jeunes placent les dogmes religieux au-dessus de ses valeurs. On est en droit de s’inquiéter de ce bouleversement culturel et cultuel et de nous interroger sur ses conséquences dans notre société. Toutefois, poser cette simple question provoque souvent des réactions d’indignation de tout un écosystème associatif, influencé par ces nouvelles théories importées de certains grands campus américains, qui érigent le ressenti victimaire comme vertu cardinale.
La France n’est pas les Etats-Unis — la laïcité est la pierre angulaire de notre organisation sociale quand le multiculturalisme est leur boussole. Parce que nous croyons en notre modèle universaliste, nous nous engageons à ne plus laisser sans réponse les discours relativistes. Nous sommes ainsi déterminés à porter un discours de vérité qui encourage la diffusion de nos valeurs d’égalité, de liberté, de solidarité et d’intégration.
Une autre voix, qui exclut les réflexes victimaires, doit se faire entendre au cœur du militantisme LGBT
La lutte contre les LGBTphobies doit s’inscrire dans une démarche volontariste, exigeante, qui s’emploie à rapprocher les gens, à “faire commun”, et non pas à les ranger dans de petites cases victimaires étanches, non mixtes, qui rendent impossible leur union.
L’homophobie, la transphobie, comme le racisme et le sexisme, sont des coups de canifs dans le pacte républicain. Nous pensons que chaque citoyen doit pouvoir se sentir naturellement concerné par ces atteintes et prêt à agir, à son niveau, pour faire vivre pleinement l’idéal d’égalité.
Nous faisons ainsi le choix d’un militantisme LGBT qui résiste à l’indifférence, aux replis individualistes et aux mouvements identitaires et qui promeut un débat serein et dépassionné sur les évolutions sociétales et juridiques qui paraissent encore aujourd’hui nécessaires. Un militantisme qui a pour ambition principale de construire et d’avancer sur un chemin commun et, pour paraphraser la conclusion du discours de Roselyne Bachelot du 7 novembre 1998, lors du vote du PACS, pour que chacune et chacun puisse occuper toute la place qu’il ou elle mérite au sein de cette communauté qui se situe au-dessus de toutes les autres : la République.