« Chaque jour qui passe semble nous rapprocher de l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir. L’hypothèse, hier scandaleuse, est aujourd’hui devenue banale« : un rapport qui déconstruit les clichés discriminants envers les populations immigrées en France, de première ou de deuxième génération.
Hakim El Karoui, essayiste, consultant et acteur associatif, publie un rapport dans le cadre de sa structure #DesIdéesPour2027. Soutenu par François Héran, conseiller scientifique sur les données statistiques et par Iona Lefebvre, chargée d’études en dynamiques territoriales à l’Institut Montaigne. Ce rapport vise à assainir les débats autour de l’immigration en France en se focalisant sur les trajectoires d’intégration des premières générations d’immigrés et de leurs enfants.
« Que la vie en commun soit plus sereine,
et que vive notre bien commun à tous : la République«
C’est l’ambition de ce projet de longue haleine, qui réunit économistes, anthropologues, spécialistes en science de l’éducation, urbanistes. Un rassemblement d’analystes pour repenser la notion d’intégration en France, ses lacunes et ce qu’elle représente. Sociologiquement, affirme le rapport, le terme « intégration » est à redéfinir si l’on veut avancer sur les politiques publiques, qui restent discrètes :
« Aucune politique publique n’existe. Pour y arriver, il faut regarder la réalité en face, savoir qui sont ces « nouveaux Français », quelles sont leurs caractéristiques, quels sont leurs problèmes spécifiques, quelles leçons on doit tirer des trajectoires de leurs ainés.«
Repenser la répartition spatiale des immigrés et de leurs enfants paraît une approche cohérente à la compréhension du clivage entre les différentes couches de la société. L’étude attire l’attention sur l’action sociale et l’encadrement associatif : l’intégration passe aussi par des actions à la fois locales et institutionnalisées pour soulever les questions d’inégalités, de discriminations.
« L’intégration est un mouvement qui implique deux parties :
ceux qui arrivent, ceux qui accueillent.«
Faute d’avoir un véritable débat au sein de la classe politique, cette étude porte un regard rigoureux et lucide sur les trajectoires professionnelles, sociales et économiques des immigrés, mais aussi de leurs enfants :
« Nés en France (ou arrivés très jeunes), ils ont été sociabilisés dans notre pays à l’inverse de leurs parents, et en maîtrisent une grande partie des codes. Toutefois, force est de constater […] que les enfants d’immigrés – et c’est plus vrai pour certaines origines que pour d’autre – peuvent encore être distingués du reste de la population […] ».
Les 57 entretiens menés pour l’étude s’attardent sur les communautés les plus importantes en France depuis l’après-guerre : Portugais, Maghrébins, Turcs, Asiatiques et Subsahariens. Les histoires familiales permettent de comprendre le destin des enfants d’immigrés, leur situation sociale et économique, leurs obstacles rencontrés dans leur parcours et enfin les chemins de réussite.
« […] ne pas voir la spécificité de la situation des enfants d’immigrés,
c’est condamner nombre d’entre eux à l’échec, c’est fracturer la République.«
L’intégralité du rapport est à retrouver sur le site Desidéespour2027.
