Opérations antimigrants : prison ferme requise contre les cadres de Génération identitaire

Une centaine de militants d’extrême droite avaient organisé des patrouilles à la frontière franco-italienne, en 2018, pour « stopper » les migrants.

reportage de Julia Pascual, envoyée spéciale du Monde, publié sur les site du journal le 11 07 2019

Ils avaient été une centaine à s’installer sur la neige des cols alpins, à proximité de la frontière franco-italienne, au printemps 2018. Pour mener l’opération « Defend Europe » ou « Stop Migrants Alpes » dans cette zone de passage, ils avaient mobilisé deux hélicoptères, un avion, une grande barrière de plastique orange, des pick-up, et une ribambelle de doudounes bleu électrique.

Pendant deux mois, les militants du mouvement d’extrême droite Génération identitaire ont expliqué, à grand renfort de communication sur les réseaux sociaux, « tenir » ou encore « surveiller la frontière », « quadriller le secteur », « patrouiller », « repérer les migrants », « stopper » leur arrivée et même mener un travail de « renseignement » sur les réseaux de passeurs… « Si l’Etat ne les démantèle pas, nous le ferons nous-mêmes », promettaient-ils.

Se mettant en scène dans des maraudes nocturnes filmées, ils enjoignaient les migrants qu’ils croisaient à rebrousser chemin ou les conduisaient auprès de fonctionnaires de police ou de gendarmerie.

Jeudi 11 juillet, ils n’étaient pas aussi nombreux sur les bancs de la salle d’audience du tribunal correctionnel de Gap (Hautes-Alpes). Des trois cadres de Génération identitaire renvoyés devant la juridiction pour avoir conçu et organisé une opération de nature à « créer une confusion avec l’exercice d’une fonction publique », un seul, le président de l’association, avait fait le déplacement. Et il a choisi de garder le silence. Avant de se taire, Clément Gandelin, 24 ans, conducteur de travaux intérimaire et déjà condamné pour violence sur personne dépositaire de l’autorité publique en 2015, a voulu dénoncer une procédure « purement politique » car, a-t-il assuré, « nous n’avons jamais dit que nous prenions la place de la police ».