Dans le même entretien, elle explique que si certaines des personnes qu’elle a hébergées étaient bien des passeurs, elle ne les voyait pas comme des “trafiquants d’êtres humains” :
Oui, j’ai hébergé des passeurs. Mais il faut voir de quelle réalité on parle. Les douze personnes interpellées dans ce dossier n’ont rien à voir avec ce que le droit appelle des “trafiquants d’êtres humains”. Ce sont des jeunes paumés qui essaient de survivre en devenant de petits passeurs, le temps de se payer eux-mêmes un passage.
Myriam Berghe et Anouk Van Gestel, la deuxième journaliste, ont écrit une lettre ouverte au Premier ministre belge. Dans cet extrait, elles disent leur consternation devant l’état actuel de la démocratie en Belgique :
Est-il acceptable que, dans un pays qui se dit être une démocratie, deux citoyennes se retrouvent inculpées d’association criminelle et de trafic d’êtres humains avec la circonstance aggravante qu’il s’agit de mineurs, parce qu’elles ont ouvert leur porte à des personnes en état de détresse absolue?
Le jour du procès, Selma Benkhelifa, une des avocates de la défense, a rappelécomment le ministre de l’Intérieur Jan Jambon a rendu responsables de l’occupation du parc Maximilien, squatté par des centaines de migrants à Bruxelles, les gens qui leur viennent en aide :
C’est un procès éminemment politique. Jan Jambon a déclaré que la situation au parc Maximilien était la responsabilité des hébergeurs. On entend d’abord ces déclarations très provocantes et derrière on constate effectivement des poursuites qui vont dans ce sens.
Ceci n’est que le dernier épisode en date des dispositifs de contrôle des frontières qui ont un profond impact sur la politique européenne ces dernières années.