La chaîne de télé avait diffusé un «documentaire» alarmiste sur la commune. Des Méruviens y répondent avec leur propre vidéo, projetée ce vendredi soir au cinéma.
« J’ai eu une enfance incroyable à Méru », raconte, face caméra, Florian. Céline lui succède à l’écran pour expliquer l’origine du quartier de la Nacre, avant de laisser place à Edmond, qui habite depuis cinq ans la commune, dont il salue le dynamisme. Comme eux, une dizaine d’habitants prennent la parole face caméra. Ils proposent leur histoire. « L’histoire d’un contre-récit ».
La série de reportages diffusée sur C8 en octobre dernier décrivait leur commune comme « l’une des plus dangereuses de France », gangrenée par le chômage et la délinquance. C’est un tout autre aspect de la ville que les Méruviens mettent en valeur dans cette vidéo de 23 minutes, tournée en plusieurs fois depuis novembre. Le résultat final est à découvrir au cinéma Le Domino, ce vendredi, à 18 heures, au cours d’une séance gratuite et ouverte à tous.
Utiliser la vidéo pour répondre à la vidéo
« Nous étions tous très en colère après la première émission si choquante de C8 », se souvient Anne-Marie Thullier, l’un des piliers du collectif d’initiatives citoyennes et associatives de Méru, créé en réaction à la diffusion. Alors, l’idée d’une vidéo a rapidement germé.
« On s’est dit qu’il était important d’utiliser le même vecteur, la vidéo, pour répondre aux images qui nous avaient choqués », explique Emmanuelle Daude, réalisatrice pour le compte de l’association Image’IN, spécialisée dans l’éducation aux médias et qui a mené à bien le projet de façon bénévole. « Le rendu, c’est ma vision de la commune. Je ne connaissais pas Méru, en tout cas pas bien. Cela m’a permis d’apporter un œil neuf. J’espère que les habitants seront satisfaits du résultat », confie-t-elle, anxieuse à quelques heures de la projection.
Le court-métrage n’a pas vocation à décrire Méru comme un paradis terrestre, mais à raconter une commune comme les autres. « C’est une ville qui a un lourd passé artisanal et qui a beaucoup souffert de sa disparition », concède Edmond, dans le court-métrage. « Il y a des difficultés, comme partout. Il y a de la délinquance, comme partout. Mais pas plus ici qu’ailleurs », insiste le commandant de gendarmerie, David Lacheteau, qui témoigne aussi dans la vidéo des Méruviens.
«Écœurés, c’est un faible mot»
En centre-ville, le bouche-à-oreille a déjà commencé. « Comment ça ? Un film qui dément ce qu’a fait C8 ? » Nicole, qui se promène en ville, envisage d’assister à la représentation. « J’ai 63 ans, je suis une Méruvienne pur jus. Dire que l’on est écœuré, c’est un faible mot. Ils n’ont pas pensé aux conséquences que cela pouvait avoir. Pour l’immobilier, pour l’industrie locale… Ce démenti, c’est une très bonne chose. »
La projection de ce soir n’est pas la finalité du projet. « On ne voulait pas faire une action qui soit une simple réaction, explique Emmanuelle Daude. Nous allons découper des morceaux du film pour les diffuser sur les réseaux sociaux. Il aura enfin une fonction éducative : Image’IN s’en servira pour son travail d’éducation aux médias. » Et si, finalement, les images de C8 finissaient par être enseignées dans les écoles ?