Après avoir fouillé de multiples archives, l’historien américain Marcus Rediker nous entraîne sur le pont et dans les cales sordides des bateaux négriers. Un voyage clinique dans le quotidien, la violence et l’économie de la traite transatlantique. Cet ouvrage est passionnant et se lit comme un roman. « A bord du négrier, une histoire atlantique de la traite » (éditions du Seuil, 2013) est un livre indispensable si l’on veut comprendre les mécanismes de la traite transatlantique dans toute sa complexité, et sortir des schémas préétablis. De plus, il regorge d’incroyables histoires et de témoignages d’époque. L’auteur nous emmène à bord du navire, on est littéralement « embedded » (embarqué) comme l’on dirait aujourd’hui.A l’origine de la mondialisation et du capitalisme moderne, la traite transatlantique fut un gigantesque et terrifiant écheveau de compétences entremêlant plusieurs peuples. Africains, Européens, Américains du Sud et du Nord, se retrouvent au centre d’un commerce industriel et mondialisé. Il implique des investisseurs, des banquiers, des commis, des assureurs, des agents des douanes, des législateurs, des membres des chambres de commerce, des fabricants de tissus, d’armes, de bateaux, des dockers, des marins, des équipages de vaisseaux, etc… C’est un vivier d’emplois et de métiers transcontinentaux, qui préfigure le capitalisme sans frontières tel qu’on le connaît aujourd’hui. Suite de l’article par là.