« le travail scientifique s’inscrit par définition dans l’esprit critique. Cela suppose qu’il ne repose sur aucune croyance »

Non, mais ces tendances se caractérisent par une forme d’effacement entre l’espace privé et l’espace d’expression publique du citoyen. Le problème, c’est la médiation. Il y a une transformation des fondements mêmes de ce qui relie les hommes entre eux, par la simple et bonne raison que ce qui permet aujourd’hui aux gens d’établir des liens, ce sont les réseaux sociaux. Autre aspect peu évoqué, la désynchronisation des temporalités : dans les années 1980, on avait des émissions qui réunissaient tous les Français dans une forme de communion devant leur téléviseur. Aujourd’hui, l’individualisation des médium engendre la disparition des rencontres médiatiques collectives. Les arènes de débat partagé, qui permettaient l’expression de contre-pouvoirs, ont laissé place à des bulles où chacun peut s’enfermer. Je prends un simple exemple : quand on voit une euro députée écologiste tenir certains propos sur les vaccins (Michèle Rivasi, ndlr),on se dit qu’à Sept sur Sept dans les années 1980, l’avis de l’Académie des sciences aurait été demandé et exposé au public.