La présence de Madagascar, où 76 % de la population vit dans une pauvreté extrême, est aussi une gageure. « Il était important que Madagascar ait son pavillon à la plus grande manifestation d’art contemporain du monde, loin de l’image misérable que l’on continue de véhiculer de mon pays », explique Joël Andrianomearisoa, qui a porté ce projet à bout de bras. Pas question pour lui de réclamer de subventions publiques « vu les besoins criants de santé ou d’éducation ». Aussi est-ce dans son cercle immédiat que Joël Andrianomearisoa a cherché les 500 000 euros nécessaires à son installation. Le collectionneur français Thibaut Poutrel, que l’artiste avait rencontré voilà quatre ans, a ainsi soutenu le projet « par amitié ». A sa contribution s’ajoutent les apports du fonds Rubis Mécénat, du groupe Filatex et des trois galeries de l’artiste.
« Point de départ »
Le Ghana et Madagascar ont eu la chance de prendre pied sur le port l’Arsenal, où se trouve aussi l’Afrique du Sud, qui bénéficie d’un bail de vingt ans. Pour les autres, dénicher un espace a tout du parcours du combattant. Habituellement excentrée en ville, la Côte d’Ivoire s’est rapprochée du cœur du réacteur en louant une galerie face aux yachts luxueux qui mouillent l’ancre près de l’Arsenal. Ernest Düku, l’un des quatre artistes qui y exposent, veut y voir « une volonté politique de faire avancer la culture dans notre pays ».