La verbalisation du harcèlement de rue est-elle une réelle avancée pour les femmes françaises ?
Les manquements du projet de loi dénoncés dès l’ouverture des débats
Lors de la discussion du projet de loi en septembre 2017, un article de L’Obs relayait les inquiétudes d’Anaïs Bourdet, fondatrice de Paye Ta Shnek (page Facebook qui recense des témoignages de femmes harcelées) :
- Le problème de la preuve :
La militante fait remarquer qu’aujourd’hui les femmes qui se plaignent au commissariat font déjà face à cette question. Comment prouver qu’elles ont été harcelées ?
- Confrontation victime/harceleur
Les militantes craignent qu’on confronte les victimes à leurs agresseurs, avant de relâcher tout le monde dans la rue, exposant ainsi les victimes à une vengeance possible.
- Délit de faciès
« Le risque, c’est que ce soient toujours des hommes non blancs qui soient stigmatisés. »
- Former les forces de l’ordre
Quinze chercheuses et chercheurs se sont également positionnés contre la pénalisation du harcèlement de rue dans une tribune publiée sur Libération :
[…] en France, les insultes, le harcèlement et les atteintes physiques et sexuelles sont déjà considérés comme des infractions. Pourquoi alors créer une infraction spécifique quand il suffirait de former les acteurs de terrain pour les amener à changer leurs pratiques ? Alors que la chaîne pénale a déjà du mal à prendre en compte les crimes de viol et d’agressions sexuelles, mieux vaudrait développer la formation des personnels de police, des juges et des avocats pour expliquer les rouages des violences sexuelles et le continuum existant entre toutes ces formes de violence, dans tous les espaces sociaux.