Écrivant sous son nom de plume « Frank Talk », le leader de la conscience noire Steve Biko exprime son dédain à l’égard d’une version des faits manifestement fabriquée :
« On a “empêché” le regretté Ahmed Timol de franchir en courant le pas de la porte, mais il s’est avéré impossible de l’empêcher de “sauter” par la fenêtre du 10e étage de Vorster Square pour y trouver la mort. »
46 ans plus tard, la justice reconnaît le meurtre d’Ahmed Timol
L’article de Biko, qui paraît dans le bulletin d’information de l’Organisation des étudiants sud-africains, au début de 1972, est largement diffusé. Peu de temps après, le Congrès national africain (ANC), interdit, soumet un mémorandum aux Nations unies appelant à l’expulsion de l’Afrique du Sud de l’organisation mondiale et à la dénonciation de l’apartheid comme crime contre l’humanité.
Le mémorandum affirme ce qui était de notoriété publique à l’époque : la mort de Timol n’a pas été le résultat d’un suicide mais d’un meurtre. Peu de temps après, le magistrat JJL de Villiers statue, à l’issue d’une enquête, que personne n’est responsable de la mort de Timol.
Il aura fallu 46 ans pour que la vérité sur le meurtre de Timol soit reconnue devant un tribunal. Bien que des dossiers importants aient illustré la transformation du système de justice pénale en Afrique du Sud depuis 1994, cette affaire est la première à promulguer ce que l’on peut réellement considérer comme une justice réparatrice.