L’esclavage moderne en procès : « Pas un centime d’euro pour dix ans de travail en France ! »

« Pourquoi est-il alors resté dix ans chez vous s’il n’avait pas de visa pour travailler ? » s’étonne un assesseur face à l’ex-procureur burundais. « Il travaillait donc chez vous sept jours sur sept, sans aucune déclaration, alors que vous étiez un haut fonctionnaire ? », s’étrangle la présidente. « On l’employait au pair », bafouille l’ex-ministre burundais. Candide Mpozagara s’embrouille. Elle déclare, catégorique, « le ménage, je le faisais moi-même ! C’est juste, quand je faisais la cuisine, qu’il pouvait éplucher ». Et elle répète, avec un fort accent, « il était libre comme l’air ! Il était adulte et vacciné ! »

Privé de viande et interdit de salle de bain

Le tribunal appelle Méthode Sindayigaya. Le petit homme se lève timidement, visiblement encore très impressionné par ce couple qu’il accuse de lui avoir « volé » sa vie. « Je suis ici devant vous pour avoir justice », commence-t-il en français. « Pendant dix ans, j’ai été réduit en esclavage ». L’échange se poursuit avec une interprète. Méthode raconte aux juges son histoire. Sa rencontre avec les Mpozagara, en avril 2008, quand ils lui proposent de les accompagner en France pour trois mois seulement, et 300 000 francs burundais, soit moins de 150 euros. Il raconte ensuite le passeport, « confisqué », assure-t-il. Puis les travaux forcés, ménage, cuisine, auxiliaire de vie pour un adulte autiste, 52 ans, un des sept enfants du couple Mpozagara.