L’historien évoque la « mauvaise réputation » des athées et espère qu’un jour ils auront les mêmes droits que les croyants partout dans le monde. Utopique ?
PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS MAHLER Le Point
Il est l’une des figures de l’athéisme en France, aux côtés de Michel Onfray ou André Comte-Sponville. Agrégé de lettres classiques et longtemps diplomate culturel, Jean Soler est notamment auteur de La Violence monothéiste, Qui est Dieu ? ou Le Sourire d’Homère aux éditions de Fallois. À l’occasion de la sortie d’un hors-série du Point consacré à la pensée athéiste à travers les siècles (« Vivre sans Dieu », 7,50 €), nous avons interrogé celui qui, après une enfance catholique, a « pris congé de Dieu » en classes préparatoires et en a ressenti un « grand sentiment de libération ». Jean Soler espère qu’un jour dans le monde, les non-croyants seront mis sur un pied d’égalité avec les croyants.
Le Point : Quelle différence entre athées et agnostiques ?
Jean Soler : Entre les croyants et les athées s’insère la catégorie des agnostiques. Quand ce ne sont pas des indécis qui n’arrivent pas à se déterminer sur ce qu’ils croient vraiment, ils disent : « Nous autres, comme les athées, nous rejetons les récits, les dogmes et les rites colportés par les religions établies. Ce sont des enfantillages. Mais nous pensons quand même que le monde ne s’est pas fait tout seul et qu’il doit y avoir quelque chose après la mort. Même si nous ne pouvons rien savoir sur Dieu ni sur l’au-delà. » Et beaucoup d’entre eux invoquent, à l’appui de leur position, une expérience personnelle, la « spiritualité », qui leur apporterait la certitude que la matière ne saurait suffire à tout expliquer. Les athées seraient privés de cet accès à la « transcendance », ils seraient fermés à cette source de communion avec le divin.