Le 1er mai, le monde arabo-musulman a perdu l’un de ses plus éminents penseurs. Profondément croyant et moderne autant qu’il était radical dans sa critique du fondamentalisme, Mohamed Talbi était un phare contre l’obscurantisme religieux.
«Seul le Coran oblige », aimait à répéter Mohamed Talbi. Musulman fervent, défenseur d’un islam ouvert et moderne, le penseur et historien s’est éteint dans son Tunis natal, le 1er mai, à l’âge de 95 ans.
Il nous laisse en héritage une œuvre inestimable, au fil de laquelle il n’a cessé de défier les traditionalistes, de dénoncer les interprétations passéistes et rigoristes de l’islam, de fustiger les dérives pratiquées au nom de la religion. Il aura aussi eu le regret de voir émerger, ces dernières années, les mouvements obscurantistes et extrémistes qu’il a toujours pourfendus.
« il n’y a nulle contrainte en religion »
Grand spécialiste de l’époque médiévale au Maghreb et des Aghlabides, agrégé d’arabe et docteur en histoire de l’université de la Sorbonne, Mohamed Talbi fut l’un des bâtisseurs de l’université tunisienne moderne – premier doyen de la faculté des lettres de Tunis en 1966, puis recteur de l’université de Tunis. Il était l’auteur d’une trentaine d’ouvrages et de centaines d’articles, le récipiendaire de nombreux prix et distinctions.