C’est la République assimilationniste qui, au prétexte de l’intégration des immigrés, n’accorde aucun droit de cité à la diversité culturelle. C’est la laïcité instrumentalisée comme anti-religion, anti-islam, et comme règne d’un athéisme d’Etat. C’est le souverainisme qui rejette l’Europe au prétexte que l’identité de la France s’y trouverait dissoute.
A l’autre extrême, nous cédons parfois à la tentation de ne plus chercher aucune unité. Le multiculturalisme en est un symptôme : au lieu de vouloir intégrer les Français dans une culture commune, au lieu de viser « la formation progressive d’une unité multiculturelle » (Edgar Morin, 2014), on réclame de laisser la diversité, les identités, le « polythéisme des valeurs », à leur état de multiplicité éparse qu’aucune communauté de destin ne vient transcender.
Surconsommation servile
Mais le pire écueil aujourd’hui, pour notre génie, c’est le libéralisme mondialisé. Il constitue la négation de tout ce qu’est la France. Il uniformise les modes de vie en rendant les peuples captifs d’une surconsommation servile de biens standardisés. Il dissout les sociétés, les solidarités dans un « chacun pour soi » déguisé en liberté d’entreprendre, en « libération des énergies ». L’avenir de la France, si elle en veut encore un, sera de se décider à être enfin le pays d’où s’élance la résistance à l’hégémonie libérale.