Faouzia Charfi : « Entre l’islam et la science, c’est «je t’aime moi non plus »

La physicienne tunisienne raconte, dans « L’Islam et la Science », comment les sciences arabes, qui ont jadis connu leur âge d’or, sont désormais rejetées par les islamistes.
Propos recueillis par François-Guillaume Lorrain et publiés sur le site lepoint.fr,  le 19 09 2021
Offensive. Faouzia Charfi raconte comment les sciences arabes, qui ont jadis connu leur âge d’or, sont désormais rejetées par les islamistes.
En 2017, le gouvernement d’Erdogan a réformé ses programmes scolaires pour mieux les adapter aux valeurs islamo-turques – réduction des cours de biologie, suppression de l’enseignement de la théorie de l’évolution de Darwin… Voilà l’un des nombreux exemples cités par Faouzia Charfi dans son passionnant récit des relations entretenues par l’Islam et la science depuis plus d’un millénaire. Nous avons la très vague notion d’une science arabe jadis innovante qui a ensuite régressé. Pour quelles raisons ? Comment les régimes islamiques remettent-ils en cause ces découvertes ? Physicienne, professeure à l’université de Tunis, ex-secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, l’autrice, lumineusement accessible, entre dans les détails de la fresque.
Le Point : Quelle forme prend aujourd’hui l’islamisation de la science ?
Faouzia Charfi :  La forme la plus visible, à travers les réseaux sociaux, est le concordisme. Toute la science existe, prédite dans le texte coranique. Cela correspond à un islam totalitaire qui prétend avoir accès à tous les aspects de la connaissance. On la perçoit aussi dans l’enseignement : comme ce professeur de physique de Kairouan qui, pour un cours sur la pression atmosphérique, se réfère au Coran.