Qu’est devenue Ruby Bridges, la petite fille noire qui avait dû faire sa rentrée scolaire sous escorte policière ?

Six ans auparavant, un arrêt de la Cour suprême des États-Unis (« Brown v. Board of Education of Topeka ») avait jugé anticonstitutionnelle la ségrégation raciale dans les écoles publiques. Les habitants blancs de La Nouvelle-Orléans avaient violemment protesté, jusqu’à ce qu’un juge de la ville leur donne tort. Ce jour-là, Ruby Bridges fut donc l’un des quatre enfants noirs à faire son entrée dans une école blanche. Le peintre Norman Rockwell a immortalisé la scène. Intitulée The Problem We All Live With, sa toile montre Ruby et ses gardes du corps longeant un mur sur lequel un simple mot a été tracé : « nigger ».

Tous les enfants blancs avaient été retirés par leurs parents. Ils n’admettaient pas que leur progéniture étudie en ma compagnie

À l’époque, Ruby n’avait rien compris à la scène. « Je pensais que c’était mardi gras », nous explique-t-elle dans une salle du musée décorée de portraits de Martin Luther King et de James Baldwin. Ce qui lui revient aussi en mémoire, c’est son école désertée. « Tous les enfants blancs avaient été retirés par leurs parents. Ils n’admettaient pas que leur progéniture étudie en ma compagnie. Pendant un an, j’ai été l’unique élève de l’établissement. Mais la maîtresse a continué à faire cours pour moi seule. » Cette enseignante blanche est une héroïne. Elle se nomme Barbara Henry et vit aujourd’hui à Boston. « C’est grâce à elle que je ne vois pas les choses à travers le prisme de la race », explique aujourd’hui Bridges.