Emmanuel Toula, au feu, le héros

Drôle d’ado, qui maudit la télé-réalité en évoquant des biographies d’hommes politiques. A dire vrai, si nous ne l’avions pas croisé dix jours à peine après son histoire, on aurait cru que quelqu’un l’avait briefé. Même pas : il est juste détendu, à la coule. Sur la manif de Bobigny, Emmanuel Toula décrit une mobilisation pacifique partie en vrille sans trop savoir pourquoi. «Une voiture de RTL s’est mise à brûler, j’ai eu un gros coup de chaud.» Alors qu’il essaye de filer, il remarque une «citadine grise, peut-être une 206» encerclée et secouée par des manifestants, avec un enfant à l’intérieur. «La maman est sortie de la voiture avec son bébé dans les bras, en demandant à sa fille de la suivre. Dans la confusion, elle pensait que sa petite était juste derrière. Le temps de se rendre compte que non…» Le gaz lacrymogène, le monde, le flip, les mains qui tremblent. Il résume ça en un mot : «Le merdier.» Il tourne en rond avec la petite plus de trois quarts d’heure. Entre-temps, il joue les nounous dans un parc, trouve du lait pour se frotter les yeux irrités par le gaz lacrymo et parlemente avec des policiers pour passer les cordons de sécurité, histoire de retrouver la maman. «Ils ne voulaient rien savoir, ça devenait très tendu.» Deux militants finissent par prendre en main la petite, avant de la confier aux forces de l’ordre. Avec un autre jeune, il continue de rechercher la mère en solo. En vain. Il finit par rentrer chez lui. Dans le contexte, il n’est plus un héros, plutôt une contre-enquête à lui tout seul.