Emmanuel Toula, au feu, le héros

Sur son portable, Emmanuel Toula nous montre des conversations sur Snapchat avec ses potes. Il tente de les convaincre d’aller à la mobilisation du 11 février, eux lui répondent que c’est peine perdue. Résumé de la pensée majoritaire : à part se faire gazer par les flics, il n’y a rien à gagner. «C’est malheureux, mais la vie citoyenne ne fait pas partie de leur réalité, alors que cette jeunesse est capable de grandes choses. Si je m’étais pris une matraque dans les fesses, j’aurais voulu être soutenu.» Quand il rentre de la manif, sa mère lui passe un savon. A cause de la peur qu’il lui arrive une grosse galère, mais pas que. «Pour mes parents, immigrés, manifester n’est pas quelque chose de naturel. Ils n’aiment pas faire de remous.» Elle ne prendra la mesure de son histoire de sauvetage qu’après avoir jeté un coup d’œil sur les réseaux sociaux, où le nom de son fils commence à clignoter partout. Sur Twitter, le jeune homme a remercié la préfecture de police juste après son correctif : «Bravo à vous pour le rétablissement de la vérité messieurs, God bless you.» Deux fonctionnaires sont passés chez lui pour le féliciter.