Plus largement, les bouddhistes extrémistes, en montant en épingle des faits divers (comme des viols commis sur des femmes bouddhistes), entretiennent un climat islamophobe et justifient les violences et les discriminations contre les musulmans. Fin septembre, au Sri Lanka, des extrémistes bouddhistes ont même attaqué un foyer administré par l’ONU de réfugiés Rohingya ayant fui la Birmanie.
Les bouddhistes extrémistes présentent généralement leurs adversaires musulmans comme des djihadistes, mais cette accusation est loin d’être partout une réalité, notamment au Sri Lanka, où l’islam radical n’a pas pris pied. En Thaïlande, une partie de la rébellion séparatiste utilise la rhétorique djihadiste – sans se réclamer, toutefois, d’une organisation transnationale. En Birmanie, une attaque a été menée le 25 août contre des postes militaires dans l’Arakan du Nord, par les insurgés de l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA), qui nient être un groupe djihadiste mais sur lesquels les informations disponibles sont très parcellaires.
- Quelle est la position du dalaï-lama ?
Présenté à tort en Occident comme un « pape bouddhiste », le dalaï-lama n’a pas d’autorité réelle sur les bouddhistes de Birmanie, du Sri Lanka et de Thaïlande, même s’il compte des admirateurs dans ces pays. En juillet 2014, le chef spirituel des bouddhistes tibétains a condamné, dans un même discours, le BBS et Ma Ba Tha. Mais ses paroles ont eu peu d’écho au Sri Lanka, pays dont les autorités ne lui ont jamais accordé de visa, afin de ne pas froisserPékin. Le dalaï-lama, qui a rencontré plusieurs fois Aung San Suu Kyi lorsqu’elle était une opposante politique, ne s’est jamais non plus rendu en Birmanie. En septembre 2017, il a explicitement pris la défense des Rohingya, estimant que « Bouddha aurait aidé ces pauvres musulmans ».