Dans le judaïsme, la kabbale est un courant ésotérique et mystique visant à déchiffrer le livre de la création du monde par le Dieu inconnaissable. En Occident, les chrétiens furent plus lents à développer une tradition mystique comparée aux Byzantins et aux musulmans. Maître Eckhart développe une mystique métaphysique prônant un détachement de tout ce qui n’est pas Dieu. Pour lui, il s’agit de permettre à l’homme de devenir par la grâce ce que Dieu est par nature. La part mystique et contemplative de la religion est plus grande dans l’orthodoxie que dans le catholicisme. La mystique orthodoxe trace ses origines dans l’expérience des Pères du désert de la purification de l’âme par la prière du cœur permettant la communion avec Dieu dans la solitude. Grande figure de la spiritualité monastique, saint Jean Climaque formule la doctrine de l’hésychasme : prière perpétuelle de l’âme s’adonnant à la contemplation, loin du monde, dans le silence. À partir de là, on peut parvenir à la parfaite indifférence aux choses de la terre, c’est l’ultime degré avant l’union avec Dieu. La mystique musulmane, le soufisme, est influencé par le monachisme chrétien, l’illuminisme persan, l’extase hindoue et la kabbale juive. « L’état spirituel de baqâ’ (pure « subsistance » hors de toute forme), auquel aspirent les contemplatifs soufis, est le même que l’état de moskha, la délivrance dont parlent les doctrines hindoues, comme l’extinction (al-fanâ) de l’individualité, qui précède la « subsistance » est analogue au nirvâna. De même que dans le bouddhisme, on s’élève par degrés aux plus hauts points de l’anéantissement de l’individualité en suivant un chemin composé de huit parties, le « noble sentier », de même le soufisme a aussi son chemin, sa tariqa, avec des degrés de perfection. Il vise à revivre personnellement par la voie mystique (tarîqa) la vérité spirituelle du message du Prophète, au-delà de la donnée littérale de la révélation (charia). Il représente l’aspect ésotérique de l’islam, qui se distingue de l’islam exotérique au même titre que la contemplation directe des réalités spirituelles – ou divines – se distingue de l’observance des lois. L’amour tient une place centrale dans l’enseignement des maîtres soufis qui considèrent la station spirituelle qui y est associée comme une des plus insignes qui soient.
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