Il a raison. Ce qui caractérise l’islam en France, c’est bien l’absence de débat et le peu d’implication des élites sociales de culture musulmane dans la gestion du culte. Les musulmans modérés appartiennent souvent à la classe moyenne. Ils se montrent peu à la mosquée ou au pèlerinage à la Mecque. Ne partageant pas la vie cultuelle de la masse des fidèles, ils donnent le sentiment de les mépriser, et par là même de mettre en doute la légitimité de la croyance. Beaucoup de ceux qu’on appelle trop rapidement des « intellectuels musulmans » ont peu d’écho dans les mosquées parce qu’ils donnent le sentiment à leurs fidèles de parler essentiellement aux non-musulmans.
» Les ‘musulmans modérés’ donnent le sentiment de mépriser la masse des fidèles »
L’enjeu pour ces « musulmans modérés » serait d’ouvrir des mosquées qui matérialisent très concrètement qu’il y a une autre interprétation possible de la parole révélée. Pourrait naître alors une intelligence collective en capacité de contrer les fatwas intégristes. Ce n’est pas tant un problème de structure que de contenu. Ce qu’il manque à l’islam de France, ce ne sont pas tant des personnes qui réussissent socialement que des Bernanos* musulmans, intellectuels autant que croyants.