Décrochage, harcèlement… un médiateur scolaire pour améliorer le quotidien des élèves

Plusieurs établissements de l’Oise bénéficient de la présence d’un médiateur scolaire pour prévenir les conflits. A Compiègne, Riad Merzougui intervient au sein du collège André-Malraux et de l’école Georges-Pompidou. Rencontre.

article par Cindy Belhomme publié sur le site leparisien.fr, le 06 09 2020

Il n’est ni professeur ni assistant d’éducation. Pourtant, il va être quotidiennement au contact des élèves du collège André-Malraux et des enfants de l’école Georges-Pompidou groupe A de Compiègne. Riad Merzougui, 37 ans, a été recruté par l’ association de médiation interculturelle (AMI) en tant que médiateur scolaire.

Durant un an, il va devoir prévenir les situations conflictuelles, faire le lien entre l’école et les familles pour lutter contre l’absentéisme et le décrochage scolaire, mais aussi inciter les enfants à adopter un comportement citoyen. Objectif : améliorer le climat scolaire.

«Leurs problèmes me touchent et me parlent»
Pour y parvenir, Riad Merzougui n’a qu’une seule arme : le dialogue. Il doit être impartial, indépendant et à l’écoute. Aucun pouvoir de sanction ne lui est donné. « C’est un métier de vocation, pense-t-il. Leurs problèmes me touchent et me parlent. Tout va passer par la communication. »

Alors en cette semaine de rentrée, Riad Merzougui a arpenté les salles de classe des deux établissements pour se présenter aux élèves. Afin de vulgariser son rôle, il a opté pour un schéma on ne peut plus enfantin : un rond pour représenter Lucas, victime de harcèlement scolaire et un autre pour son bourreau Enzo.

« Je ne suis ni avec l’un, ni avec l’autre. Je suis neutre ! a-t-il insisté. Mais pour trouver la solution à un problème, il faut en discuter. C’est ça la médiation. Un jour, vous aurez tellement bien compris ce principe que vous deviendrez vous-même médiateur. »

Les parents d’élèves sont déjà convaincus par le dispositif. « La présence de ce médiateur va résoudre beaucoup de problèmes, assure Nadia, une mère de famille. Il va permettre à beaucoup de jeunes de s’exprimer car certains d’entre eux sont bloqués à l’idée d’aller parler à un membre de l’équipe enseignante. »

A Méru, un retour d’expérience très positif
A Méru, où le dispositif est mis en place depuis 2016 au collège du Thelle et dans deux écoles élémentaires, les retours sont plus que satisfaisants. « La présence d’un médiateur a énormément amélioré la liaison entre la maison et le collège, explique Martial Loucheron, le principal. Durant le confinement, nous avions perdu la trace de cinq ou six élèves. La médiatrice a été les voir. C’est une maman et elle est du quartier. Elle connaît bien les problématiques. »
S’appuyant sur une évaluation réalisée par le laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po, l’AMI assure que la médiation scolaire, déployée dans une centaine d’établissements en France, a permis une « baisse de 46 % du harcèlement et de 90 % du cyber-harcèlement chez les garçons de 6 e ». Les dégradations matérielles ont baissé, la sociabilité des enfants s’est améliorée et les absences chez les élèves de 6 e ont diminué.

« L’expérience a montré que c’est en écoutant les élèves sans les juger, en leur faisant prendre conscience de l’impact de leurs actes ou de leurs propos, qu’on déconstruit les peurs, les préjugés ou les rumeurs », souligne Sandy Leleu Nagle, coordinatrice de l’AMI.

Les postes de médiateur scolaire sont déployés à l’échelle d’établissements scolaires bénéficiaires de la politique de ville. Dans l’Oise, le collège du Thelle à Méru et le collège Louis-Pasteur à Noyon étaient les seuls à en bénéficier jusque-là. Employés par l’AMI, les médiateurs sont placés sous l’autorité des chefs d’établissement.

«Il va pouvoir créer du lien avec les familles»
Ainsi, au collège André-Malraux, on envisage de faire intervenir Riad Merzougui en classe, à la demande des enseignants, mais aussi au sein des familles en cas de besoin. Le reste du temps, il déambulera dans et à l’extérieur de l’établissement une partie de son temps, l’autre étant dédiée à l’école Georges-Pompidou.

« C’est une personne neutre qui n’est pas de l’Education nationale. Il va pouvoir créer du lien avec les familles et peut-être simplifier les rapports, se réjouit Anne-Marie Desira, la principale du collège. Nos élèves ont besoin d’un accompagnement. Grâce à l’AMI, nous allons faire plus et encore mieux. »