Ce généticien parisien d’origine antillaise ne voit pas de concurrence entre les deux journées. « Celle du 10 mai consacre la République, l’œuvre abolitionniste et tous les combats qui ont permis l’abolition, rappelle-t-il. Le 23 mai, c’est totalement différent, on honore la mémoire des victimes de l’esclavage. Et s’il y a des populations qui souffrent de cette histoire, ce ne sont pas les Béarnais ou les Auvergnats, ce sont les descendants d’esclaves. »
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Mais son discours ne fait pas l’unanimité. « Pour moi, le 23 mai pose un grave problème », estime l’historienne Myriam Cottias, qui a présidé de 2013 à 2016 le Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, dont les réunions ont régulièrement été agitées par des débats sur la question. Résolument opposée à cette deuxième journée, elle dénonce une « aberration » qui ne correspond à « aucune attente » et y voit le fruit d’un « combat personnel », ayant débouché sur une décision « électoraliste ».
Une « réparation symbolique »
Sur le fond, cette directrice de recherche au CNRS déplore la mise en avant de la notion de victime. « Les ’’esclavisés’’, je ne parle volontairement pas d’esclaves, ont toujours été dans la résistance, soutient-elle. Ils se sont opposés au système et n’ont pas intégré cette identité d’esclaves. À mon sens, il est inexact d’un point de vue historique et dangereux socialement de donner aujourd’hui à leurs descendants une identité de victimes. Comment voulez-vous vous en sortir dans une société si vous portez cette identité ? »