Mort d’Idrissa Ouédraogo, figure emblématique du cinéma africain

Idrissa Ouédraogo s’est éteint à l’âge de 64 ans dans une clinique de Ouagadougou, laissant derrière lui une oeuvre d’une quarantaine de films primés dans les plus grands festivals.

Figure emblématique du cinéma africain des années 1980-2000, le réalisateur burkinabè Idrissa Ouédraogo est décédé dimanche à Ouagadougou à l’âge de 64 ans. « C’était le maestro du cinéma burkinabè. C’est douloureux, une perte inestimable pour nous et pour l’Afrique toute entière », a déploré Rasmané Ouédraogo, l’un des principaux acteurs du film « Tilaï » du cinéaste (« La loi »), qui avait été couronné du Grand Prix au festival de Cannes en 1990.

Idrissa Ouédraogo avait débuté sa carrière cinématographique en 1981 avec une fiction intitulée « Poko », qui avait obtenu la même année le prix du meilleur court-métrage au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco).

Après avoir complété sa formation à l’école de cinéma de Moscou puis à l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec) de Paris, il avait réalisé en 1986 son premier long métrage « Yam daabo » (Le choix), récompensé par la Caméra d’Or à Cannes en 1987, suivi deux ans plus tard de « Yaaba » (Grand-mère), salué du Prix de la critique internationale sur la croisette.

Il était très vite devenu le chef de file des cinéastes au Burkina Faso, une des terres d’élection du septième art en Afrique. Pour le cinéaste et documentariste burkinabè Michel Zongo, « il a inspiré toute une génération de jeunes cinéastes africains. Il a réussi à partager nos histoires avec le monde ».

 

UN RAYONNEMENT À L’INTERNATIONAL

« Le cri du coeur », sorti en 1995 ©SIPA

Cinéaste prolifique malgré les conditions économiques difficiles pour tourner en Afrique, Idrissa Ouédraogo a imposé son esthétique particulière. « Il a raconté la vie de gens ordinaires, plantant sa caméra dans les zones rurales plutôt que dans les villes, il a su rendre la beauté des zones sahéliennes », explique Abdoulaye Dragoss Ouédraogo, cinéaste et professeur d’ethnologie visuelle à l’université de Bordeaux.

« Dans les années 90, j’avais montré deux de ses films: Yaaba et Tilaï, pas parce qu’il était burkinabé mais parce qu’ils étaient beaux. Hier, Idrissa Ouedraogo a fermé les yeux pour de bon, au moment où se couchait le soleil qui a illuminé son oeuvre », a déclaré dans un tweet Gilles Jacob, ancien délégué général du festival de Cannes.

Idrissa Ouedraogo a également tourné en France (« Le cri du coeur » avec Richard Bohringer), et au Zimbabwe (Kini and Adams ») et sera le seul réalisateur africain à participer au film collectif « 11’09’01 » sur les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, présenté à la Mostra de Venise. Idrissa Ouédraogo s’était aussi essayé au théâtre : en 1991, il avait mis en scène « La Tragédie du roi Christophe » d’Aimé Césaire à la Comédie-Française.

« Le Burkina Faso vient de perdre un réalisateur à l’immense talent », qui « aura beaucoup oeuvré au rayonnement du cinéma burkinabè et africain hors de nos frontières », a réagi le président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré dans un communiqué.

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