En réalité, il existe une espèce de violence latente dans la société algérienne, héritée des événements de la décennie noire. Cette période très sombre s’est refermée mais rien, sur le fond, n’a été réglé. Il n’y a pas eu de débats. Une sorte d’amnésie, de chape de plomb s’est installée. Chacun est resté sur ses positions. Dans les milieux populaires, on a tendance à considérer que désormais les islamistes sont tranquilles, qu’ils ont des commerces. Et qu’on n’a pas envie de revenir aux heures funestes, au chaos. On fait comme si on était à part de ce qui se joue partout au Moyen Orient et dans le monde. Sauf que cette menace, toujours prête à sourdre, existe. Et qu’en face, il n’y a pas de projet pour refaire société. La bigoterie est aujourd’hui omniprésente, le discours des jeunes en permanence teinté d’islam, de religiosité. Pas une de leurs phrases qui n’emprunte aux incantations. Ce n’était pas le cas avant. Les techniciens, les caméramans avec lesquels je viens de travailler allaient tous à la mosquée, faisaient la prière. Cela ne me choque pas, cela m’interroge.
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