Cinéma : “Enquête au paradis”, autopsie d’une Algérie bigote

Il ne fait pas grand chose pour le contrer. Depuis quelque temps, tout de même, le nouveau ministre des Affaires religieuses tente de travailler sur cette menace, de mettre en garde contre l’existence de sectes. Et ces derniers jours, les autorités ont empêché Ali Belhadj, l’ancien leader du parti islamiste (Fis), de se déplacer hors d’Alger. Elles trouvaient qu’il avait tendance à circuler beaucoup, à faire le tour des mosquées. Cela lui est désormais interdit. En fait, l’Algérie recueille les fruits de la disparition de l’école républicaine. Quelques années après l’indépendance, le choix a été fait de son arabisation. Les coopérants, venus de France et d’Europe, aider le pays ont été remplacés par des professeurs du Moyen-Orient, en particulier des Egyptiens. Dont, semble-t-il, beaucoup de Frères musulmans. Dès lors, les choses se sont gâtées. La ministre de l’Education Nouria Benghabrit (une sociologue francophone nommée en 2014, ndlr) essaie de réformer tout cela. Elle doit faire face à un travail de sabotage des forces obscurantistes, des islamistes pour l’en empêcher. Elle est devenue la bête noire des conservateurs. Chaque année éclate un scandale au moment du bac, les sujets fuitent… pour la mettre en difficulté. Elle est très courageuse, elle résiste. Le pouvoir n’en finit pas d’envoyer des signaux contradictoires. Les démocrates qui s’expriment dans le film analysent la complicité qui existe entre le pouvoir et les salafistes, leur pas de deux incestueux.

“La bigoterie est aujourd’hui omniprésente, le discours des jeunes en permanence teinté d’islam, de religiosité.”

La loi sur la concorde civile de 1999 devait conduire à l’apaisement, mettre fin à la violence en autorisant les islamistes partis au maquis à se réinsérer dans la société s’ils affirmaient n’avoir pas de sang sur les mains.