Argenteuil : un engin incendiaire jeté sur le camp de Roms sous l’A15

Un engin incendiaire, une bouteille en plastique de soda, remplie d’une substance inflammable, allumée puis lancée sur les cabanes du campement installé sous le viaduc de l’A15. Les faits survenus vendredi soir vers 23 heures ont provoqué un début d’incendie sur le toit d’un des cabanons de fortune, que les résidents sont eux-mêmes parvenus à éteindre en allant puiser l’eau de la Seine toute proche.

article par    publié sur le site lepraisien.fr, le 05 05 2020

L’incendie, rapidement maîtrisé ainsi, ne s’est pas propagé à l’ensemble des habitations de fortune et n’a pas fait de victimes. L’engin incendiaire pourrait avoir été lancé depuis le viaduc, ce qui n’a pas été établi par les policiers du commissariat d’Argenteuil.

Selon le récit qu’ont fait les habitants du campement aux membres du Collectif de soutien aux familles roms de Roumanie et d’ailleurs. Deux jets d’engins incendiaires se seraient produits le vendredi soir et un autre le samedi soir. « Ces fois-là, ils ont vu que la bouteille était jetée depuis l’autoroute », relate Anne-Marie, membre du collectif.

Deux familles restent sur le campement
Avant ces événements, les bénévoles avaient recensé 74 personnes habitant sur ce terrain. Une partie était rentrée en Roumanie au début du confinement. Ils ont quasiment tous quitté les lieux dans le courant du week-end, à l’exception de deux familles. « Ils étaient auparavant rue de Buan. Ils ont été expulsés l’année dernière à la fin de la trêve hivernale, précise Anne-Marie. Ils sont revenus s’installer à cet endroit en septembre. »

Elle se dit choquée par ce qui s’est passé. « C’est au-delà de ce qu’on peut imaginer. Il doit y avoir un bébé d’un mois sur ce terrain », s’indigne-t-elle. Jean-Claude Vitran, coordinateur du collectif Romeurope 95, pense également qu’il s’agit d’un acte motivé par la haine. « À partir du moment où on s’occupe un peu mieux d’eux, il y a des gens qui voient ça d’un mauvais œil », ajoute-t-il.

Des patrouilles régulières
Il indique que Veolia avait installé l’eau courante, avec un compteur récemment. Le Collectif de soutien avait permis à plusieurs enfants d’être scolarisés au collège Joliot-Curie. « Ça fait 20 ans que je m’occupe d’eux. C’est la première fois que je vois ça », s’inquiète Jean-Claude Vitran.

Les policiers ont pris contact avec les deux familles qui résident encore sous le viaduc de la A15, les invitant à déposer plainte. Le commissariat a par ailleurs décidé d’organiser des patrouilles régulières dans le secteur du campement afin de parer une éventuelle réitération des faits et, le cas échéant, interpeller le ou les auteurs. « Il ne faut pas que ça reste impuni un truc pareil », soupire Anne-Marie.