Pour mon entourage, je me comporterais comme une personne blanche. Leurs remarques invisibilisent le racisme et le sexisme que je subis, cautionnent des stéréotypes racistes et réduisent mon identité à ma couleur de peau.
article par Yelow L. publié sur le site lazep.fr, le 02 09 2020
Aujourd’hui, quelqu’un m’a dit : « Ne le prends pas mal, mais tu es la plus blanche des Noires que je connais. » Pause. Y aurait-il un modèle type de personne noire ? Une liste avec des cases à cocher pour être considérée comme une vraie personne noire ? N’aurais-je pas passé le test ? Moi qui pensais naïvement que, avec ma mélanine, l’affaire était pliée. Ma peau me dit que je suis noire, les gens me disent que je suis blanche.
Plus qu’un simple collègue, ce quelqu’un est un ami. Au quatrième jour du confinement, nous avions organisé un « déjeuner virtuel ». L’approche de ce rendez-vous qui raviverait ma vie sociale me réchauffait le cœur. J’aurais sans doute dû me méfier quand il a commencé sa phrase par « ne le prends pas mal ». Ce n’est jamais bon signe. Mais quand ces mots sont arrivés à mes oreilles, je n’ai pas réagi. Par incompréhension d’abord, car ce que je racontais était banal, si banal que je ne m’en rappelle même plus.