Quittant la présidence du Sénat qu’il occupe dès la naissance de la Ve République (soit, sous deux Républiques, plus de vingt et un ans à la tête de l’Assemblée qui siège au palais du Luxembourg : un record !), Monnerville démissionne en octobre 1968, manquant, à six mois près, d’assurer l’intérim à la tête de l’Etat lors de la démission du général de Gaulle. Il était dit que l’Elysée ne serait pas pour lui…
Instrumentalisation
Rien d’étonnant alors à ce que le personnage serve de fil rouge à cette évocation des « indigènes » de la République. En meilleure place au sommet comme à la base quand il s’agit de « faire de l’image », les « représentants de la diversité » – formule surprenante si tous les citoyens sont égaux – peinent à ne pas être instrumentalisés dans un jeu politique où la notion de quotas les réduit à de commodes alibis. Si on regrettera quelques scories (l’abolition de l’esclavage quarante-neuf ans et non quarante ans avant la naissance de Monnerville, Césaire disparu en 2008 et non en 2003…), la parole des témoins – Ericka Bareigts, Christiane Taubira, Myriam El Khomri, Chantal Berthelot : souvent des femmes puisque leur promotion satisfait deux obligations paritaires, ce qui est tristement astucieux – a une force et une pertinence qui font prendre conscience du caractère inique de la frilosité actuelle.