Et après ?
- Conséquences humanitaires. Toutes les organisations humanitaires ont dénoncé la décision italienne d’empêcher l’Aquarius d’accoster. L’ONG Médecins sans frontières (MSF) estime que la position très ferme de l’Italie n’est de toute façon pas viable à long terme. Sophie Beau, la présidente de SOS Méditerranée, a pointé la mise en danger de la vie des migrants. Elle a appelé l’Union européenne (UE) à mettre en place une flotte de sauvetage en mer. Un « tour de vis » migratoire de l’Italie risque par ailleurs d’aggraver la situation des migrants coincés en Libye, maltraités, emprisonnés ou victimes de tous les trafics (esclavage, prostitution…). Selon le HCR, l’urgence est avant tout de sauver des vies. Le principe du sauvetage en mer ne doit pas être remis en cause. « Quand un bateau est en détresse, n’importe quel navire doit lui porter secours et être assuré de pouvoir débarquer les personnes sauvées en lieu sûr », rappelle Céline Schmitt, porte-parole du HCR en France. « Remettre ce principe en cause, c’est mettre encore plus de vies en danger. »
- Conséquences politiques. La décision italienne au sujet de l’Aquarius a provoqué une crise diplomatique en Europe. Emmanuel Macron a critiqué le cynisme du gouvernement italien. En réponse, Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur italien, a dénoncé l’hypocrisie de la France en matière d’immigration. Si les dirigeants s’accusent mutuellement, ils tombent d’accord sur un point : la politique migratoire européenne ne fonctionne pas. Emmanuel Macron veut proposer un « Frontex démultiplié, une politique européenne de l’asile, une vraie coopération, et en finir avec le système de Dublin ». Selon le règlement européen Dublin II, un demandeur d’asile doit faire sa demande dans le pays par lequel il est entré dans l’UE (surtout l’Italie, la Grèce et l’Espagne). Leonard Doyle, porte-parole de l’OIM, souhaite que l’affaire de l’Aquarius provoque une prise de conscience : « Il ne faut pas blâmer uniquement l’Italie dans cette histoire. Si l’on s’en tient au droit, l’Italie n’était pas obligée d’accueillir l’Aquarius. La Libye aurait dû le faire. Mais cette décision est une mise en garde de l’Italie aux autres pays européens. Les Italiens ont l’impression de recevoir toutes les migrations africaines sans aucun soutien des autres Européens. » La fermeté affichée de l’Italie va- t-elle pousser les migrants à choisir d’autres routes vers l’Europe ? « Il est encore trop tôt pour le dire, répond Céline Schmitt, du HCR. Mais l’histoire a montré que les personnes qui fuient la guerre et la misère trouvent toujours une autre route. »
Julien Vonthron, Play Bac Presse.