Toutes ne sont convaincues que d’une chose : « De toute façon, tout ce qu’ils promettent, ils ne vont pas le faire. » Dans leur famille, personne ne parle de politique. On ne suit pas vraiment la campagne, ne voyant pas vraiment ce que ça peut changer. La télévision ne sert que pour la Xbox des frères ou les dessins animés des plus jeunes. Mais il y a tout de même des limites : « Fillon ou Le Pen, c’est non ». « Fillon, il ne devrait pas être en prison ? Je ne comprends pas ce qu’il fait encore là…», affirme Houza. Marine Le Pen, « jamais de la vie », répliquent en chœur les trois jeunes filles. Et en même temps, « c’est la seule qui est franche. Au moins, elle cache pas qu’elle ne nous aime pas. Pas comme les autres. Ce qu’elle dit, on sait qu’elle le fera », lâche Djenaba.
« Les hommes politiques créent des problèmes là où il n’y en a pas. À force d’entendre parler de l’islam tout le temps, je croyais que, nous les Musulmans, on était vraiment beaucoup…. Quand j’ai entendu à la télévision qu’on était juste 7,5 %, j’étais vraiment surprise. »
Une dizaine de jours après notre première rencontre, j’ai retrouvé Houza et Djenaba dans un café, et nous avons poursuivi notre discussion. Quand je leur ai demandé ce qu’elles trouvaient de plus injuste dans la société française, elles m’ont parlé du racisme. Les parents d’Houza sont originaires de Mayotte et des Comores. Ceux de Djenaba du Sénégal. Elles sont toutes les deux musulmanes. « On n’est pas victimes directement du racisme, mais on le voit autour de nous. Par exemple, un noir, quand il se fait arrêter, il a une peine plus lourde que si c’était un blanc », estime Djenaba. « Je porte le voile en dehors de l’école depuis que j’ai 15 ans. Au début, quand j’ai voulu le porter, j’avais peur qu’on ne voie que ça. Ma mère était un peu inquiète. Finalement, ça n’a rien changé pour moi. Mais je connais des filles qui se sont fait agresser pour le voile », m’explique Houza.