Paris : plus de 2000 migrants campent parmi les rats et les déchets, une situation « explosive »
Les rats aussi sont un calvaire quotidien. « Je vois parfois des gens avec des griffures de rats sur le visage lorsqu’ils viennent à ma rencontre », lâche Lola. « Ils sont partout. Ils grignotent les tentes. Les exilés en parlent beaucoup. Il nous racontent que les rats grimpent sur eux la nuit ».
« C’est quoi la solution ? »
Chacun tente alors de protéger son espace vital comme il peut. Majid applique le système D. Avec un balai, il repousse les déchets vers la bordure du périphérique. « Les poubelles sont loin, explique-t-il, il n’y aucun service de nettoyage là où nous sommes ».
Majid et Yusuf paraissent résignés. Debouts, face à leur tente, derrière laquelle se dressent les immenses locaux, flambant neufs, de la banque BNP-Paribas, les deux hommes semblent avoir baissé les bras. « Oui, c’est un enfer, mais c’est quoi la solution ? ». Ils ne demandent même pas d’aide ou de conseils à Lola sur leur situation administrative. Ils haussent les épaules à l’évocation d’un hébergement d’urgence. Ils se taisent à l’évocation de leur avenir.
Après tant d’années passées hors de Somalie (22 ans en Norvège pour Yusuf, 7 ans pour Majid), les deux hommes affirment être dans une impasse. « Mon avenir, c’est cette bretelle du périphérique… », soupire Yusuf. « Et je ne voyais pas ma vie comme ça ».