Toutefois, cette injonction n’est pas récente. Elle s’inscrit, au contraire, sur le temps long (la colonisation, le traitement de l’immigration depuis les années 1970, le rapport aux quartiers populaires depuis les années 1980, la montée d’une certaine peur de l’islam depuis le 11 septembre 2001, etc.) et révèle les ambivalences des acteurs de notre société à l’égard des citoyens français de religion musulmane : ils souhaitent qu’ils se fondent totalement dans le « moule laïque et républicain », tout en les ramenant constamment à leur particularisme islamique. C’est une forme d’assignation à « résidence communautaire » qui est, en principe, contraire à nos valeurs laïques mais qui est toujours légitimée dès lors qu’on traite des musulmans. En ce sens, la crise terroriste est un moment révélateur d’un paradoxe français, où le retour d’un républicanisme identitaire se combine à une tendance à communautariser l’Autre.
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