Exemples. Quelques heures après le drame, le colonel qui a découvert le corps de Mickaël reçoit à 14h30 une demande des gendarmes de la brigade de La Courtine. Ils entendent se déplacer sur la scène de crime pour les besoins de l’enquête. C’est le même colonel qui autorise alors, et dans la demi-heure, militaires et médecins de l’école Saint-Cyr à procéder « au nettoyage du lieu ». Plus d’un mois après le décès du jeune homme, un militaire est venu voir les gendarmes de La Courtine. Il se souvenait de choses qu’il n’avait pas dites. En « nettoyant » le 9 février 2016, il a trouvé des « débris métalliques de la balle : deux dans le sang au sol, et un dans le faux-plafond au-dessus des toilettes ». Le médecin de l’école Saint-Cyr les a jetés, avec « les déchets corporels ». Quant à la dalle du faux-plafond, elle a été remplacée sur ordre d’un lieutenant-colonel. Et a disparu dans une benne destinée à la décharge.
Avant Mickaël, Jallal Hami
Mickaël Lavocat n’est pas le premier à mourir à Saint-Cyr. En octobre 2012, un élève s’est noyé durant « un exercice validé par les autorités militaires », dans le cadre d’une prétendue « formation aux traditions » : la traversée nocturne d’un étang sur environ 50 mètres. Un bizutage, peut-être. Jallal Hami, sous-lieutenant à l’école militaire, avait 24 ans. Elevé en Seine-Saint-Denis, issu d’une famille modeste d’origine algérienne, élève boursier brillant, diplômé de Sciences-Po, il avait intégré l’école directement en troisième année, « sur titre », en raison de son niveau d’études. Il avait dit à son frère qu’à Saint-Cyr, il sentait une petite différence entre lui et les autres. Mais il avait une vraie vocation militaire, il voulait s’engager au service de la France.