Pensez-vous que les choses changent?
Mahi Traoré : J’aimerais dire que oui, mais j’observe le même comportement aujourd’hui lorsque je regarde de ma fenêtre les groupes d’élèves dans la cour du lycée Lucas-de-Nehou dans le 5e arrondissement à Paris, le lycée professionnel du verre et du vitrail que je dirige. Les jeunes se regroupent entre eux par origines sociales, les Africains entre eux, les Maghrébins entre eux, c’est assez frappant. C’était aussi le cas dans le centre de Paris et des beaux arrondissements où j’ai travaillé avant et où les jeunes, disons «colorés», sont moins nombreux. Je trouve cela dommage, c’est une facilité, une peur de l’inconnu, de découvrir ce qui est différent.
«Au quotidien, j’essaie d’appliquer une bienveillance faite de rigueur. Bien sûr, il faut donner plus à ceux qui ont moins, mais il faut avoir les mêmes attentes pour tous.» Mahi Traoré
Vous regrettez que, sous prétexte que vous êtes africaine, l’Éducation nationale a tendance à penser que vous saurez forcément mieux vous y prendre avec des jeunes issus de l’immigration?